Avec le confinement, certains Français peuvent subir une baisse de leurs revenus et avoir plus de mal à rembourser leur crédit. D’autres ont été coupés net dans leur élan, alors qu’ils étaient sur le point d’acheter un bien. Dans les deux cas, voici ce que vous pouvez faire.
Un Français sur trois rembourse un crédit immobilier, d’après un sondage OpinionWay. Au total, l’encours des crédits à l’habitat s’élève à près de 1.100 milliards d’euros, selon les dernières données de la Banque de France. La situation actuelle de confinement est donc loin d’être anodine pour le marché, d’autant que le secteur bancaire est lui aussi très touché, compte tenu du manque de personnel présent dans les banques. Pour autant, il n’y a pas de raison de paniquer : les dossiers en cours continuent d’être traités et, pour ceux qui remboursent un prêt, il est toujours possible de demander une suspension.
Activité au ralenti
« C’était le début de la belle saison
», soupire Ludovic Huzieux, cofondateur d’Artémis courtage. Sans surprise, la crise sanitaire a mis un coup d’arrêt brutal aux intentions d’achat. Dans le secteur immobilier, les visites ne sont plus possibles, le marché est fortement grippé. Tout n’est pas au point mort pour autant. « Nous n’avons évidemment pas de nouveaux dossiers à traiter, reconnaît Ludovic Huzieux. En revanche, il y a davantage de simulations ». Mêmes échos chez le leader de la place : « Les agences sont, bien entendu, fermées au public. Mais nous avons beaucoup de dossiers à gérer qu’il faut continuer d’accompagner jusqu’au déblocage des fonds, même si les banques se sont davantage concentrées sur les entreprises, indique Philippe Taboret, directeur général adjoint de Cafpi. Parallèlement, nous avons toujours une demande très forte de conseils et de simulations ».
Les Français semblent donc toujours autant intéressés par la pierre et il y a fort à parier que le marché immobilier, comme celui des crédits, connaisse « une phase de surchauffe en mai/juin, après la période de confinement, vu tous les projets qui sont reportés », parie Philippe Buyens, directeur général de Capifrance.
Pour l’heure, les signatures d’actes définitifs n’étant plus possibles (les études notariales sont fermées), le bon réflexe est de demander à l’agent immobilier ou à son notaire de décaler les dates d’expiration des promesses de vente (en général de 90 jours), afin de bloquer le bien.
De son côté, l’Apic (l’Association professionnelle des intermédiaires en crédits) a demandé au gouvernement d’allonger le délai des clauses de conditions suspensives de crédit (délai qui permet d’obtenir une offre de crédit pour l’achat d’un bien), de 45 à 60 jours habituellement, pour le porter à 90 jours minimum afin de « pallier le ralentissement généralisé du traitement des dossiers dans le secteur bancaire et au sein des différentes instances intervenant dans la réalisation des mutations immobilières ». Selon nos informations, Bercy ne s’est pas encore prononcé sur cette question, les banques non plus.
Suspendre son prêt
« Ceux qui ont déjà un crédit immobilier peuvent suspendre les mensualités s’ils pensent que la période de confinement va engendrer une baisse de leurs revenus, informe Ludovic Huzieux, d’Artémis courtage. Cette fois, il faut s’adresser directement à sa banque ». Avant cela, épluchez votre contrat ! De nombreux établissements aujourd’hui prévoient cette option : il est possible de suspendre ses échéances au bout de 24 mois de remboursement
pour une durée de 1 à 12 mois, en une ou plusieurs fois.
L’assurance de prêt continue, en revanche, à être prélevée chaque mois. « Le report des remboursements ne signifie pas que le crédit s'interrompt, vous devez donc être protégé dans cet intervalle, car les sommes empruntées restent dues », explique Magnolia.fr, courtier en assurances de prêts.
La demande est assez aisée (un simple mail à votre conseiller bancaire suffit) et elle est gratuite, mais pas le report d’échéances. « Il entraîne un différé des intérêts et crée des intérêts intercalaires, qui viennent se greffer en sus au montant restant à rembourser », explique Ludovic Huzieux. Le report des mensualités implique de fait un allongement de la durée initiale. « Si vous reportez vos échéances de 3 mois, 4 échéances supplémentaires seront nécessaires pour compléter le remboursement du crédit, ce qui génère un surcoût d’intérêts, auquel il faut ajouter les cotisations d’assurance additionnelles. », calcule Magnolia.fr.
Par exemple, toujours selon les calculs du courtier, pour un emprunt contracté en avril 2018 de 200.000€ euros sur 15 ans au taux fixe de 1,05% (hors assurance), le report des échéances de 6 mois à compter du 1er mai 2020 (capital + intérêts) vous coûtera 1.049,78 euros d’intérêts supplémentaires et un allongement du crédit d’un mois (en plus des 6 mois de suspension).
A noter toutefois que, au vu du niveau extrêmement bas des taux (1,13% en moyenne en janvier), « le surcoût d’intérêts ne sera pas élevé pour celui dont le crédit est récent », conclue Ludovic Huzieux.